Voyage avec Don Quichotte

Voyage avec Don Quichotte

Langue originale : langue allemande

Titre original: Voyage avec Don Quichotte

Traduction: Genoveva Dieterich

Année de parution: 1945 (écrit en 1934)

Évaluation: Fortement recommandé

On pourrait se demander quel poids le talent de l’auteur peut avoir dans un livre, je veux dire combien une main habile peut soulever n’importe quel texte, quel qu’en soit le sujet. Ce n’est pas seulement la prose, le style ou l’élégance, c’est la cadence, la sagesse de dire les choses avec le ton exact qui rend le livre intéressant et qu’il est contrôlé, équilibré et va au point que le texte exige. Bien sûr, cela se fait avec de la technique, avec du travail, mais il me semble quand même que la matière première est irremplaçable et c’est ce qui fait que le livre respire le naturel et semble écrit sans effort. À travers tout cela, je ne peux plus cacher que j’aime Thomas Mann, surtout celui à qui Mort à Venise même si parfois il se laisse emporter par une phrase excessivement bouclée ou que des digressions deviennent parfois incontrôlables.

On peut affirmer avec certitude que les qualités que j’ai soulignées sont particulièrement vraies pour les œuvres de petite taille, lorsque l’écrivain n’envisage pas de créer quelque chose d’important et, pour ainsi dire, laisse simplement le texte couler comme un divertissement. Voyage avec Don Quichotte Il s’agit d’une sorte de petit journal de quelques jours, rédigé au cours d’un des nombreux voyages en mer que Mann effectua avec sa femme Katia entre l’Europe et New York. On pourrait penser à quelque chose de similaire à la croisière dont parlait David Foster Wallace ce petit livre corrosif mais les similitudes se résument au fait d’être sur un navire naviguant sur une vaste mer (comment peut-on écrire deux choses aussi différentes et tout aussi précises pour la même raison).

Thomas Mann ne propose rien de concret dans le récit de son expérience océanique. Il se limite à raconter de petites anecdotes, en passant par des descriptions des pièces ou de l’ambiance du pont, ou de rapides remarques sur la météo changeante. Le reste, ce sont des réflexions enchaînées sans plus de planification que celle qui surgit spontanément sur une feuille de papier vierge, où le rôle important est joué par votre lecture au chevet, qui est bien sûr don Quichotte qui apparaît dans le titre.

De plus, cet essai ne porte pas sur le livre de Cervantes, mais plutôt sur les commentaires qui surgissent au fur et à mesure de votre lecture. Mann admire non seulement la personnalité de Don Quichotte, mais aussi la façon dont il se développe, la façon dont l’auteur traite son personnage, il s’étend un peu plus à la vive défense que Cervantes fait de son œuvre contre la contrefaçon du livre d’Avellaneda ou le poids de l’original. . personnage comparé à la caricature drôle et folle que nous avons tous adoptée dans une certaine mesure. Les opinions de l’auteur allemand sont si subtiles et si profondes qu’on se rend compte qu’il est entièrement lié aux classiques. Tout cela, exprimé dans de petits instruments et sans séquence évidente, crée le sentiment d’être à bord de Mann lui-même, partageant un café avec lui et échangeant des impressions sur Don Quichotte, ou plutôt écoutant ses réflexions avec fascination.

Il ne s’agit pas uniquement de Cervantes. Un petit journal contient des commentaires, toujours décontractés et élégants, sur le voyage lui-même, les sensations d’immensité devant un vaste océan, la distorsion de perspective due à l’isolement et à la distance, ou la curiosité, comme un appel quotidien au changement progressif. temps et erreur pour vivre deux fois la même tranche horaire. L’histoire aborde parfois des choses apparemment banales, comme le contenu volontairement amical des informations qui circulent sur le navire (le bateau de croisière comme monde indépendant de la réalité extérieure), mais à d’autres moments elle plonge dans des réflexions profondes que certains pourraient sans problème être appliqué à notre 21e siècle, comme il le souligne « Ah, l’humanité ! Leur développement spirituel et moral est en retard sur leur développement technique, ils sont loin derrière. »

Mais même dans ces moments, l’auteur n’aborde pas de sujets particulièrement sensibles, ce qui se démarque dans le contexte difficile des années 1930, que Mann évite les sujets épineux qu’il aborde dans d’autres œuvres, maintenant il est comme quelqu’un, comme. ces croisiéristes, se sentant dans un environnement hostile, tentent de se concentrer sur des choses amicales ou pour le moins inoffensives. De cette façon, le livre transmet à la fois acuité et détente et permet d’apprécier l’auteur, qui semble toujours savoir bien écrire, quel que soit le format.

Autres œuvres de Thomas Mann examinées à l’ULAD : Mort à Venise, Magic Mountain

Oliver Langelier

Une peu plus sur moi, passionné par les nouvelles tek et l'actualité. Je tâcherai de retranscrire toutes mes découvertes. Oliver Langelier