Livre du jour : Carlos Droguett : Eloy

Livre du jour Carlos Droguett Eloy

Expression originale : espagnol

Année de parution : 1960 (la version finale date de 1982)

Évaluation: Fortement recommandé

La première chose qui m’est venue à l’esprit en lisant la quatrième de couverture de la page Éloy étaient Ramón Saizarbitoria et son court et grand Une centaine de mètres Les dernières heures du fugitif, plongé dans les souvenirs de ce qu’il a vécu, n’étaient que des lieux trop familiers, n’est-ce pas ?

En y repensant, j’ai pensé à Proust, Faulkner, Joyce, Woolf et compagnie. Car en fait, tout a été inventé il y a longtemps et il ne reste plus qu’à apporter de petites modifications ou variations, qui, il faut le dire, peuvent parfois surpasser l’original.

C’est le point Éloy C’est un de ces cas où la « copie » est d’une telle qualité qu’il ne serait pas déplacé de la placer au niveau de ses prédécesseurs.

Comme je l’ai dit dans le premier paragraphe, Éloy raconte les dernières heures d’un réfugié encerclé dans une ferme de la campagne chilienne. Ce qui élève ce roman au rang d’« Art », c’est la façon dont Droguett raconte ces sentiments : son utilisation du courant de conscience, sa prose poétique et orageuse (cadence, vocabulaire, rythmes, répétitions…), la construction d’une atmosphère sombre. . et oppressant, une combinaison de niveaux temporels et spatiaux, l’alternance de la première et de la troisième personne grâce au narrateur qui pénètre la vie et les pensées d’Eloy, qui évolue dans ces heures de solitude et le vide sans fin de la nuit. le caractère obsessionnel et presque hallucinatoire du récit, etc.

Parlons-nous donc de forme plutôt que de contenu ? Cela pourrait être le cas, mais je penche davantage vers la diffusion de contenu par formulaire dans ce cas. Car Droguett aurait pu choisir un récit plus ou moins linéaire et conventionnel pour nous emmener jusqu’aux dernières heures d’Eloy, mais cette linéarité n’aurait peut-être pas suffi. Eloy n’est pas un personnage « plat », l’auteur doit donc dresser un portrait qui soit plus qu’une photographie claire et parfaite, un puzzle déplacé que le lecteur doit corriger. Pour ce faire, il choisit différents « coins », les quatre moments de sa vie qui le définissent comme une personne dans laquelle cohabitent violence et sensibilité, obscurité et espoir : la première rencontre avec un partenaire, la révélation qui le conduit au crime. , le massacre qu’il organise avec son compagnon Sangüesa et sa première évasion de la police.

Mais le portrait serait incomplet si l’on ne regardait que ces moments : le roman comporte une série d’actions et d’éléments qui parlent parfois d’eux-mêmes sur le personnage. Ainsi le parfum de violette, la visite chez le barbier, les chevaux, etc. sont de parfaites métaphores de ce qu’est ou tente d’être Eloy.

J’ai déjà dit que tout a été pensé il y a longtemps et qu’il reste à apporter de petites modifications ou variations. Dans le cas de Droguetti, je crois que ce qui le distingue des auteurs mentionnés ci-dessus est l’introduction d’éléments sociaux et plus ou moins existentialistes. Les références aux origines sociales d’Eloy, à la situation dans les zones rurales du Chili ou à l’aliénation humaine abondent. Donnez un exemple :

Dieu n’a pas fait des maisons, des villes criminelles pleines de fumée, des hommes pleins de fumée, seulement des terres solitaires, des forêts pures, des montagnes et des rivières dénudées à gravir, à traverser, l’homme a peur, une peur fatale et insurmontable et est enfermé dans ces terribles et ultimes boîtes. , sans air, sans soleil et sans issue, même s’ils ont des portes, vers des villes malades qui rendent malade.

Je pense qu’on peut se faire une idée du style de Droguetti et ça avec ce passage Éloy. Ce n’est pas un livre « facile », dire le contraire serait une erreur, mais c’est un livre hautement recommandé tant pour sa valeur littéraire stricte que pour ce qu’il représente comme une introduction à la « modernité » dans la littérature latino-américaine. N’oublions pas ça Éloy Il a été écrit en 1960 et, par exemple, La ville et les chiens date de 1962, Oiseau obscène de la nuit 1970, etc. Attention, wow.

PS : je dois relire Tous ces morts. Compte tenu de combien j’ai apprécié les deux autres livres de Droguetti que j’ai lus, « entre bon et recommandé » semble un peu court.

Également de Carlos Droguetti à l’ULAD : Tous ces morts et ces pattes de chien

Oliver Langelier

Une peu plus sur moi, passionné par les nouvelles tek et l'actualité. Je tâcherai de retranscrire toutes mes découvertes. Oliver Langelier