Livre du jour : Gabriel Miró : Sleeping Smoke

Expression originale : espagnol

Livre du jour Gabriel Miro Sleeping Smoke

Année de parution : 1918-1919

Évaluation: Recommandé

C’est le troisième livre de Gabriel Miró que je lis, et que les Miroïstes (s’il y en a) me pardonnent de ne pas le trouver très académique, je dois dire que c’est celui qui m’a le plus plu.

Il se peut que je sois habitué à ce style particulier, à ce « manque d’action », à ces paysages impressionnistes, mais j’ai tendance à penser que le style de Miró convient mieux aux textes courts, aux gravures ou aux croquis qu’à un roman pur et simple.

Comme chez Gabriel Miró, dans les textes Fumée endormie nous ne trouvons aucune action purement romane (bien que certaines puissent former un petit nouvelles) ni une grande compréhension psychologique des personnages. Le choix éthique et esthétique de l’auteur est de montrer la réalité à travers une prose poétique, en construisant des images et en transmettant des sensations.

Est-ce seulement ressenti à distance, ou vous souvenez-vous de ce qui a été ressenti en l’approchant avec un nouvel objectif ? Nous ne le saurons jamais pleinement, car il y a des épisodes et des domaines de notre vie qui ne peuvent être pleinement vus tant que nous n’y avons pas réfléchi et revécu par la mémoire.

Wow, on pourrait dire que Miró est une sorte de Marcel Proust méditerranéen, mais sans ce scalpel français pour les personnages.

je reviendrai à la fumée endormie, Le premier bloc de texte contient des scènes de l’enfance et de l’adolescence. Ce sont des textes initiatiques dans lesquels le narrateur découvre le monde des adultes, l’amour, la mort, la nostalgie, etc. dans la fumée du sommeil. Dans ce bloc, outre le caractère impressionniste des textes, se démarque l’utilisation de techniques proches du cinéma. En particulier, de nombreuses descriptions de lieux ou de paysages ressemblent à des images de surveillance prises par l’auteur à main levée.

Il me reste cette partie Homme en deuil et persil, un texte à la limite du gothique et du sensuel en raison de l’utilisation de peurs de l’enfance et d’un personnage mystérieux Un sentiment d’innocence et ensemble La sœur de Mauro et nous, dans lequel la fin de l’innocence est montrée d’une manière extrêmement belle et triste.

La ligne courante du deuxième bloc, composée de dix textes, représente la grande semaine. À partir du dimanche des Rameaux, l’auteur consacre à chaque jour de la semaine un texte dans lequel il mélange les événements racontés dans la Bible, la liturgie et la réinterprétation de la célébration actuelle de la Semaine Sainte (depuis 1919, bien sûr). Ceci complète un texte humoristique/populaire sur saint Jean, saint Pierre et Paul, et un hybride entre la biographie, la légende et « l’histoire originale » espagnole de Miron via Santiago Apóstoli.

Encore une fois, il faut rappeler que Miró n’entre pas dans la psychologie des personnages bibliques, mais réinterprète les événements à la lumière des paysages et des sensations. En ce sens, le texte consacré au Samedi Saint se démarque particulièrement avec l’image de Joseph d’Arimathie devant le tombeau de Jésus, devant la mort et devant sa propre foi.

Bref, je ne sais pas si Fumée endormie fait partie des « textes canoniques » de Gabriel Miró. Je m’en fiche non plus, ici aussi on bouge au gré des sensations, et ce qui nous laisse lire est plus qu’agréable.

Aussi Gabriel Miró dans ULAD : Le roman d’Oleza et les cendres du cimetière

Oliver Langelier

Une peu plus sur moi, passionné par les nouvelles tek et l'actualité. Je tâcherai de retranscrire toutes mes découvertes. Oliver Langelier